La gratuité de l’amour

Contenu

  • L’être humain ne sait pas où trouver son bonheur
  • L’homme est prisonnier d’un enchaînement de violences, de rivalités, de soupçons qui le séparent des autres
  • La parole de dieu l’oriente vers l’amour du prochain comme source de joie. L’amour des parents pour leurs enfants est un exemple de cet amour
  • Dieu veut rassurer les hommes de la gratuité de son amour, sa parole se fait chair pour nous prouver en Jésus sa véridicité
  • Le don de la vie du Christ sur la croix renouvelle le don toujours offert de  l’amour inconditionnel de dieu pour ses enfants. Sens du mot par-donner: donner encore

Articles liés

Cet article est un approfondissement du thème : la relation filiale
A son tour il se rapporte aux approfondissement suivants:

  1. Augustin sur le bonheur
  2. Shabbat, le repos de Dieu
  3. Nous sommes les enfants de Dieu, non pas ses serviteurs
  4. Le par-don

LA GRATUITÉ

La condition de l’homme est telle qu’il ne sait pas où trouver la source de son bonheur. (Voir Augustin sur le bonheur) Ne comprenant pas que le vrai bonheur vient de la relation fraternelle d’amour avec les autres êtres humains, il est porté à croire que la richesse, le pouvoir, le plaisir des sens soient la vraie source de bonheur. Ainsi, se crée une rivalité entre les êtres humains pour acquérir ces biens, aux dépends des autres, si nécessaire. Et cela engendre des réactions à la chaîne où l’on répond à l’offense avec l’offense, voici l’esclavage de la faute dont parle la Bible. (Voir Shabbat, le repos de dieu) Or, la volonté de Dieu est de nous libérer d’un tel esclavage, mais afin que l’être humain puisse être orienté vers son bonheur, voici que dieu a parlé aux hommes par les prophètes, voici que ses paroles nous disent là où se trouve le vrai bonheur. Ce qu’on appelle la loi de Moïse, ce sont les dix paroles révélées à ce prophète sur le mont Sinaï (voir Exode 20, 12 et ss. et Deutéronome 5, 16 et ss.). L’être humain ne se rend pas compte de son égarement et voici que ces paroles apparaissent sous la forme d’une loi. Cette loi qui, révèle aux êtres humains que tel ou tel comportement n’est pas bien, rend l’homme conscient de sa faute, fait apparaître ses erreurs. Mais elle n’a pas le pouvoir de changer l’être humain. Par contre le don de l’amour transforme le cœur. Se savoir aimé malgré ses fautes, gratuitement, voilà ce qui peut disposer le cœur à accueillir l’amour dans toute sa grandeur. Cet amour qui est accueilli, éprouvé, qui habite le cœur, est de nature à le transformer. Accéder à cet amour inconditionnel du Christ, de dieu, à l’égard du genre humain c’est accéder à une source de joie, à la source de la vie dans laquelle nous nous reconnaissons comme enfants de dieu. Rechercher cette source (Jean 4, 1-42 La source d’eau vive) impliquera d’aimer à notre tour, de pardonner à notre tour. Voici les œuvres qui accompagnent nécessairement la foi, sinon la foi serait lettre morte. Mais si la foi est expérience d’un amour gratuit reçu, cela va nécessairement susciter des œuvres car on voudra puiser encore à cette source de joie, multiplier cette expérience dans les liens qui nous unissent à notre prochain en offrant à son tour cet amour, cette paix, ce pardon.
L’esprit divin reçu, accueilli, nous fait vivre en enfants de dieu, dans l’esprit filial l’enfant glorifie le père, le père se reflète en lui et le fils lui rend grâce. Les œuvres sont aussi suscitées par l’esprit filial qui glorifie le père. Dans l’obéissance et la confiance filiale, se révèle la grandeur du père. L’amour des parents pour leurs enfants est à l’image, sur terre, de l’amour gratuit de dieu: ils sont prêts à se sacrifier pour l’enfant, ils font tout pour lui, ils veulent que leur enfant soit comblé. Ainsi, dieu fera tout pour que les hommes puissent accéder à la confiance filiale, mais l’être humain a de la peine à croire à un amour gratuit, il soupçonne un intérêt, il cherche des preuves de la sincérité et de la gratuité de l’amour. Il est prisonnier d’une mentalité marchande, selon laquelle il ne lui appartient que ce qu’il a pu s’acheter lui-même. (Voir article Nous sommes les enfants de Dieu, non pas ses serviteurs)
Toute la pédagogie divine sera alors tendue vers un but: prouver la gratuité de son amour paternel et maternel pour l’humanité, pour ses enfants. Cet amour inconditionnel du père apparaît dans toute sa grandeur lorsqu’il pardonne les erreurs de ses enfants, avec bienveillance. Quelle erreur, quel égarement plus grand que celui qui a conduit au meurtre de l’innocent par excellence, le fils de dieu Jésus? C’est là que l’infinie miséricorde et attachement de dieu se manifeste aux hommes: “Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font” (Luc 23, 34) dira Jésus sur la croix et le père est prêt à pardonner les meurtriers de son propre fils. (Voir article Le par-don)
De là vient aussi un vocabulaire juridique qui servira à renverser la mentalité et la justice des hommes pour révéler la justice divine, l’ampleur de sa miséricorde, de son amour. La loi rend le crime objectif, à cause de la loi le coupable est condamné. La loi divine ce sont les paroles adressées à Moïse sur le mont Sinaï (Exode 34, 28 et Dt 4, 13) qui invitent à l’amour de dieu et du prochain qui montrent le chemin vers le bonheur. Cela aura aussi l’effet de révéler à l’homme qu’il est en train de poursuivre un faux chemin, un bonheur illusoire, s’il ne le trouve dans la relation d’amour, de gratuité, dans l’échange qui le fait à l’image de dieu. C’est alors que dieu vient au secours de l’homme qui cherche le chemin, qui est prêt à reconnaître ses faux pas, pour le conduire vers l’amour parfait. Dieu lui-même inspire, donc, la foi à l’homme, une foi qui est un don (dōreá, cháris), qui est la découverte du par-don de dieu. Ce par-don signifie le don renouvelé, l’alliance éternelle de l’amour filial de dieu offert à l’humanité gratuitement. Il s’agit de la justice divine qui, non seulement ne condamne pas le coupable repenti, mais elle le rend juste. Il s’agit de quelque chose de très important à comprendre et la lettre de saint Paul aux Romains et les commentaires de Thomas d’Aquin à cette lettre nous aiderons à le faire: quand dieu rend justice en répondant à l’appel confiant (qui fait foi, se fie à) de l’homme, il ne se limite pas à acquitter l’homme et le laisser aller libre de ses fautes, mais il fait de lui un juste. Cela signifie qu’il lui communique son propre esprit et lui fait goûter la joie de faire miséricorde à son tour, de répandre l’amour de dieu, la même charité, le même don gratuit au monde.


Textes bibliques

Luc 7, 36-50 La femme pardonnée

Luc 14, 12-14: La gratuité de l’amour

12 Ἔλεγεν δὲ καὶ τῷ κεκληκότι αὐτόν, Ὅταν ποιῇς ἄριστον ἢ δεῖπνον, μὴ φώνει τοὺς φίλους σου, μηδὲ τοὺς ἀδελφούς σου, μηδὲ τοὺς συγγενεῖς σου, μηδὲ γείτονας πλουσίους· μήποτε καὶ αὐτοί σε ἀντικαλέσωσιν, καὶ γένηταί σοι ἀνταπόδομα.
12 Jésus disait à celui qui l’avait invité: “Lorsque tu fais un déjeuner ou un dîner, n’appelle pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins: pour que ceux-ci ne t’invitent pas en retour et qu’une récompense soit engendrée pour toi.

13 Ἀλλ’ ὅταν ποιῇς δοχήν, κάλει πτωχούς, ἀναπήρους, χωλούς, τυφλούς·
13 Mais lorsque tu fais une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles:

14 καὶ μακάριος ἔσῃ, ὅτι οὐκ ἔχουσιν ἀνταποδοῦναί σοι· ἀνταποδοθήσεται γάρ σοι ἐν τῇ ἀναστάσει τῶν δικαίων.
14 tu sera heureux, car ils n’auront pas de quoi te récompenser: en effet, il te sera donnée une récompense dans la résurrection des justes.

La justice de dieu, Romains 3-5

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  1. Nous sommes les enfants de Dieu, non pas ses serviteurs – Bible
  2. La relation filiale – Bible
  3. Shabbat, le repos de Dieu – Bible
  4. Thomas d’Aquin sur Romains 8, 14-16 – Bible

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