Les 7 lettres aux 7 églises – Ap 2 et 3

Les lettres aux 7 églises, Apocalypse, chapitres 2 et 3 (texte de la traduction de la Bible liturgique ©AELF).

Une catéchèse baptismale

Les lettres aux églises révèlent et annoncent les dons que l’Esprit Saint confère aux baptisés. Chaque baptisé sera appelé:

  1. Fils de Dieu, car il est entré dans la relation filiale avec Dieu et fraternelle avec son prochain.
  2. Roi, car il partage la victoire du Christ sur le mal et sur la mort.
  3. Prophéte, car, admis à l’eucharistie, il il devient membre du corps du Christ et témoin de Dieu dans le monde, par l’exemple de sa propre vie.
  4. Prêtre, car il transmet l’Esprit de Dieu, il est lumière du monde.
  5. Ressuscité, car le baptisé entre dans la vie éternelle. Il a quitté ses vieux habits et a suivi le Christ qui a revêtu notre humanité, il s’est abaissé en se reconnaissant pécheur et dans le service de son prochain il révèle la gloire de Dieu.
  6. Temple de l’Esprit Saint, car le pardon de Dieu le remplit de son amour et cet amour le fait entrer dans la relation filiale avec Dieu et fraternelle avec son prochain qu’il accueille dans le Temple au nom de Dieu, ouvrant la porte de son cœur.
  7. Juge qui siège sur le trône, car le juste offre à ses persécuteurs le pardon, mais lorsque ceux-ci s’acharnent contre lui et ne se repentent pas, ils s’excluent du Royaume des cieux, de la communion et de l’amour envers leurs frères et sœurs, ils se jugent eux-mêmes.

Chaque baptisé reçoit les dons de l’Esprit Saint, figurés dans les images suivantes:

  1. L’arbre de la vie. En accueillant la vie comme un don de Dieu, le baptisé entre dans la relation filiale
  2. La couronne de la vie. Avec l’aide de l’Esprit Saint, la haine, la vengeance, le mal, ne gagneront pas son coeur: le baptisé demeurera dans la vie éternelle. Communion d’amour avec Dieu et son prochain, dans laquelle il est entré par le baptême.
  3. La manne cachée et le caillou blanc avec le nom nouveau. Le baptisé reçoit le Christ en nourriture, il devient membre du corps du Christ, il est appelé chrétien, Christ, et son nom chrétien exprimera sa façon unique de refléter la gloire et l’amour de Dieu en ce monde.
  4. L’étoile du matin. Le baptisé est lumière du monde, car il annonce la victoire du Christ sur le mal, la victoire de la lumière sur les ténèbres. Il reçoit et transmet le feu de l’amour et de la connaissance de Dieu.
  5. Les vêtements blancs. Le baptisé revêt le Christ ressuscité.  En se dépouillant de ses vieux habits, se reconnaissant pécheur et accueillant le pardon de Dieu, il accueille son prochain dans lequel il se reconnaît comme membre du même corps. Le Christ a révélé la gloire de Dieu en offrant sa vie pour l’humanité. Il a revêtu l’humanité et l’a conduite à la gloire de Dieu qui se manifeste dans l’amour.
  6. La colonne du temple. Le baptisé reçoit le don du Saint Esprit qui habite en lui. Il est incorporé au corps du Christ qui est le temple de Dieu. Il appartient à Dieu, dont le nom sera gravé sur lui, à l’Eglise car on grave sur lui le nom de la Jérusalem nouvelle et au Christ dont il reçoit le nom car il est aussi oint par l’Esprit Saint.
  7. Siéger sur le trône. Le baptisé, membre du corps du Christ, siège comme lui sur un trône. Il a vaincu l’ennemi qui est le mal. Le juste persécuté n’a pas répondu à l’offense avec l’offense, le mal n’a pas gagné son cœur. Il devient ainsi juge, car ceux qui le persécutent s’excluent eux-mêmes de la communion fraternelle qui règne dans la cité de Dieu.

Premier don (Ap 2, 1 et 2,7) : L’arbre de la vie, la relation filiale.

Celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite et marche au milieu des sept chandeliers d’or donnera au vainqueur de goûter à l’arbre de la vie qui est dans le Paradis de Dieu.

Ainsi, le premier don fait à celui qui reconnaît ses fautes est d’avoir à nouveau accès au Paradis. Là il y a l’arbre de vie et la source de vie qui abreuve l’univers (Genèse 2, 9-10). La première lettre à l’église d’Ephèse, en effet, reproche aux fidèles d’avoir abandonné leur premier amour. Ce premier amour est celui où l’être humain vit sa relation filiale avec Dieu dans la pleine confiance, c’est cela être au Paradis : accueillir la vie comme un don et accueillir le don de la vie divine en chacun, alors la source de vie jaillit en nous, source jaillissante en vie éternelle, lorsque nous accueillons en notre prochain une source infinie d’amour et de joie, une opportunité de bonheur et non un rival.

Alors Jean dit à nous tous, en s’adressant aux Éphésiens: « Rappelle-toi d’où tu es tombé, convertis-toi, reviens à tes premières actions. Sinon je vais venir à toi et je délogerai ton chandelier de sa place» (Ap 2, 5) : chaque créature est faite pour resplendir et manifester au monde l’amour de Dieu, chacun est lumière du monde, nous rappelle aussi Jésus (Matthieu 5, 14). Alors, celui qui s’approche au baptême, en accueillant la vie comme un don de Dieu, accueille une multitude de frères. Faisant ainsi il s’approche de l’arbre de vie, de la source de toute joie. Ils sera ainsi lavé de toute faute et restauré dans sa splendeur initiale reprenant sa place dans le chandelier. Ainsi, à celui qui fait cette démarche de se reconnaître pécheur, retournant à l’amour de Dieu et de ses frères, il est promis l’arbre de la vie, celui du Paradis terrestre. Mais cet arbre de la vie est le Christ lui-même qui sur l’arbre mort de la croix nous donne sa propre vie. Ce faisant, l’arbre de la mort, de la crucifixion, devient le lieu de la victoire sur le mal, le lieu où se révèle l’infini amour de Dieu, mis à l’épreuve par les hommes. Lui qui n’a pas répondu au mal avec le mal, à l’offense avec l’offense, réalise la victoire de l’amour en pardonnant à ceux qui l’ont offensé. Il révèle ainsi la splendeur de l’amour du Père, il révèle sa gloire et nous ouvre à nouveau, par son pardon, l’accès à la relation confiante. Ainsi par le baptême nous aussi nous sommes morts et ressuscités avec le Christ: immergés sous l’eau, c’est le mal qui est tué en nous, c’est au péché que nous mourons. En remontant de l’eau, nous naissons à la vie nouvelle de ressuscités avec le Christ, partageant sa victoire sur le mal et sur la mort, nous sommes nés à la vie d’enfants de Dieu. Sa lumière resplendit en nous, nous sommes en ce monde un reflet de sa miséricorde. Nous avons accès à l’arbre de la vie car la vie nous est offerte par Dieu, c’est un don, nous ne pouvons pas nous en approprier par nous-mêmes. (Voir article l’Arbre de la vie).

Avant d’être arrêté Jésus nous rappelle: « Ma vie nul ne peut me l’enlever, je la donne de moi-même» (Jean 10, 18) pour que le monde ait la vie. C’est de son côté transpercé sur la croix que couleront l’eau et le sang, l’eau qui porte la vie du Christ versée pour la multitude, figurée par le sang, la vie qui est reçue dans le bain du baptême qui purifie nos fautes et nous restaure dans la vie fraternelle des enfants de Dieu. « De ses entrailles couleront des fleuves d’eau vive » (Jean 7, 38) .

Deuxième don (Ap 2, 8 et 2, 10-11) : La couronne de la vie, victoire sur le mal.

Celui qui est le Premier et le Dernier, celui qui était mort et qui est entré dans la vie donne la couronne de la vie à celui qui sera fidèle jusqu’à la mort et affirme qu’il ne pourra être atteint par la seconde mort.

Celui qui aura traversé les épreuves en gardant confiance dans le Christ, partagera sa victoire sur le mal. Le chrétien aussi est exposé aux épreuves, aux persécutions comme le Christ. Il s’agit de rester attaché à lui, de garder confiance et nous partagerons aussi sa victoire sur le mal et sur la mort. La couronne est le signe de cette victoire, c’est le prix donné au vainqueur. Ainsi, comme il est dit au début de cette deuxième lettre à l’église de Smyrne, c’est celui qui est le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est entré dans la vie, c’est-à-dire celui qui est ressuscité, qui a vaincu la mort, qui donne ce même privilège au croyant fidèle, il donne en partage sa victoire sur la mort, figurée par la couronne de la vie. Le vainqueur ne pourra pas être atteint par la seconde mort, celle qui nous sépare définitivement de la communion avec Dieu. Le baptême offre une première résurrection à la créature qui meurt spirituellement par le péché, mais une fois que le corps aussi sera mort, alors la créature n’aura plus le moyen de se repentir, de revenir à Dieu. Il faut faire cela pendant que nous le pouvons, pendant que nous sommes en vie, avant qu’une deuxième mort nous atteigne, celle du corps. (Voir article Les mille ans : réssuscités avec le Christ).

Vaincre la mort signifie ne pas laisser entrer la haine, la vengeance, la jalousie, le mal dans notre coeur, alors nous ne serons pas séparés de la relation vitale, filiale, qui nous unit à Dieu et avec lui nous entrons dans la vie éternelle, dès maintenant. Le mal ne nous entraînera pas vers la mort qui est division, séparation de la communion avec nos frères et soeurs humains.

Troisième don (Ap 2, 12 et 2, 17) : La manne cachée et le caillou blanc. Nourri par le corps du Christ, devient Christ, porteur de la parole de Dieu par l’exemple de sa vie.

Celui qui a l’épée aiguisée à deux tranchants donne au vainqueur la manne cachée et un caillou blanc et inscrit sur le caillou un nom nouveau que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit.

Chaque baptisé reçoit aussi le don de prophétie, c’est-à-dire qu’il porte la parole de Dieu au monde par le témoignage de sa vie. Ainsi, celui dont la bouche, c’est-à-dire la parole, est une épée aiguisée à deux tranchants confère aussi la force de sa parole au baptisé, il la met sur sa bouche. Ainsi, à celui qui garde fidèlement la foi en la mort et résurrection du Christ et dans l’incarnation de celui qui est descendu du ciel pour nous sauver et qui ne le renie pas, ni en paroles, ni par un mauvais exemple, celui-là se nourrit de la manne cachée et porte le nom de chrétien, c’est-à-dire le nom du Christ signifié par le caillou blanc. Le baptisé est en effet admis à partager un repas réservé aux initiés, le repas institué lors de la dernière cène, au cours duquel Jésus révèle la nature cachée du pain qu’il va offrir aux apôtres: « Ce pain est mon corps » (Matthieu 26, 27).

Ainsi, uni étroitement au Christ, qui est la Parole de Dieu faite chair, lui aussi sera un témoin vivant de cette parole par l’exemple de sa vie. Sa façon unique de refléter l’amour de Dieu en ce monde est exprimée par le nom nouveau, celui qui synthétise toute sa vie, tout l’amour qu’il a offert à son prochain, grâce auquel tant de créature se sont senties aimées de Dieu, on reconnu en lui un reflet de l’amour de Dieu. Ce nom ne peut pas être exprimé dans notre langage terrestre, il enferme en lui tous les temps de notre vie, cela nous sera connu lorsque nous embrasserons les temps dans la vision de Dieu, alors nous connaîtrons comme nous sommes connus, nous le verrons tel qu’il est. Alors, en un instant tous les temps seront présents et la réalité de chacun sera exprimée selon une modalité nouvelle, un nom nouveau que personne ne peut concevoir ici, dont le mode d’expression dépasse notre façon de raisonner actuelle, soumise au temps, ou des mots, des lettres sont énoncés dans le temps. Alors, il sera tout en tous.

Première lettre aux Corinthiens 13, 12 :

Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.

Première lettre aux Corinthiens 15, 28

Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.

Première lettre de saint Jean 3, 2

Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

Quatrième don (Ap 4, 18 et 4, 26-28) : L’étoile du matin. Le baptisé est lumière du monde, annonce la victoire du Christ sur le mal. Il reçoit et transmet le feu de l’amour et de la connaissance de Dieu.

Le Fils de Dieu qui a les yeux comme une flamme de feu et des pieds comme le bronze précieux donne au vainqueur autorité sur les nations et l’étoile du matin.

Celui qui a les yeux comme une flamme de feu et les pieds comme du bronze incandescent, va aussi octroyer ce don, cette caractéristique de sa nature, au baptisé. En effet, il lui donnera d’être aussi étoile du matin. La connaissance de Dieu, figurée par les yeux, nous embrase comme un feu, un feu d’amour. Mais ce feu, pour celui qui ne l’accueille pas en soi et veut s’en emparer peut provoquer une brûlure. (Voir l’article sur Le feu qui apporte lumière ou bien brûlure).

Ainsi les baptisés partagent la victoire du Christ sur le mal. C’est pour cela que qui reçoit ce don apporte le témoignage de l’amour de Dieu avec des pieds embrasés du feu de sa connaissance : il sera comme l’étoile du matin, qui annonce la victoire du jour sur les ténèbres. Jésus est le premier des ressuscités, le premier né d’entre les morts (Colossiens 1, 18). Ainsi, à la cérémonie de la veillée pascale où sont célébrés les baptêmes, on bénit d’abord le feu, ensuite on y allume la bougie qui représente le Christ, le cierge pascal et après le baptême on confie une bougie allumée au cierge pascal au nouveau baptisé. Celui-ci au cours de la même cérémonie reçoit aussi la communion au pain qui est le sacrement du corps du Christ, ce qui est appelé dans l’Apocalypse manne cachée. En effet, Jésus dit de lui-même qu’il est le pain descendu du ciel, comme la manne qui était descendue du ciel pour nourrir le peuple affamé au désert. Mais il explique aussi qu’en lui nous ne recevons pas une nourriture périssable, mais la parole même de Dieu qui se fait chair en nous lorsque nous mangeons le pain qu’il donne à ses disciples lors de son repas, le pain eucharistique. Celui-ci est véritablement le pain descendu du ciel car il contient la parole de Dieu, cachée en lui, la parole qui se fait chair et nous nourrit, illumine et habite.

Cinquième don (Ap 3, 1 et 3, 5) :  Les vêtements blancs. Le baptisé revêt le Christ ressuscité. Il se reconnaît pécheur et par le pardon de Dieu, il entre dans la vie éternelle, dans la gloire de Dieu qui se révèle dans l’amour et le service de ses frères et soeurs.

Celui qui a les 7 esprits de Dieu et les 7 étoiles déclare que le vainqueur portera des vêtements blancs, que son nom ne sera jamais effacé du livre de la vie et qu’il proclamera son nom devant le Père et devant ses anges.

Le vêtement du Christ a toujours été interprété par les Pères comme une image de l’Eglise, corps du Christ. Par le vêtement, par l’action de se revêtir, est exprimé l’acte par lequel la tête qui est le Christ s’unit aux membres de son corps. Le Christ a volontairement revêtu notre humanité. Comme le dit l’apôtre Paul:

Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. (2 Corinthiens 5, 21 trad. ©AELF).

Et il nous invite aussi à suivre son exemple :

Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2, 5-11 trad. ©AELF)

Jésus a accepté d’être confondu avec les pécheurs, il s’est tellement fait l’un de nous qu’il a accepté le risque d’être confondu avec les criminels. Il a signifié qu’il aurait risqué sa vie pour nous en acceptant d’aller se faire baptiser par Jean le Baptiste. Ce faisant, il s’est mis dans les rangs de ceux qui allaient demander le pardon de leurs péchés, lui qui n’avait pas de péché. Mais celui qui s’abaisse sera relevé et au moment du baptême l’Esprit Saint descend sur lui sous l’apparence d’une colombe et la voix du Père proclame:  “Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie” (Luc 3, 22). En allant se faire baptiser, Jésus annonce déjà son intention d’assumer notre humanité coûte que coûte, il plongera dans notre humanité jusqu’à la mort. Il a accepté le risque que cela comportait de venir au milieu d’une humanité égarée, qui ne reconnaît plus le juste, l’innocent, qui a perdu la familiarité avec la justice et la bonté de Dieu.
Comme dit l’évangéliste saint Jean:

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. (Jean 1, 9-14)

Le Christ a donc revêtu notre humanité, se mettant à son service, se faisant esclave pour nous, afin de nous conduire avec lui à la gloire du Père, à contempler l’infini amour dont nous sommes aimés.  il a assumé, revêtu, l’humanité pécheresse, afin de la transfigurer, de la combler de son amour, de la rendre participante de son amour et de sa victoire sur le mal et sur la mort.

Ainsi, le catéchumène va d’abord reconnaître que lui aussi comme tous les hommes est pécheur, qu’il a aussi une part de responsabilité dans la division qui règne parmi les hommes et qui les éloigne de l’amour de Dieu. Le catéchumène fait aussi partie de cette humanité, il n’est pas au-dessus des autres, il s’abaisse et demande pardon de ses péchés. Alors, afin d’être lavé par le bain du baptême, il se dépouille de ses vieux habits et se rend disponible à accueillir le pardon de Dieu, qui renouvellera en lui le don de son Esprit, qui le réunira à lui, qui l’appellera à partager la dignité d’enfant de Dieu. Grâce à la médiation et au pardon du Christ, le baptisé participe de sa victoire sur le mal. Le baptisé aussi pardonnera comme il a été pardonné, le baptisé a revêtu la gloire du Christ, est entré dans la vie éternelle. Avec le Christ est ressuscité à la vie nouvelle, ses habits sont devenus resplendissants de la gloire de Dieu, blancs, plus blancs que neige et que l’éclat de la lumière du soleil.

Le baptisé se nourrira d’or en avant de la Parole de Dieu, né à une nouvelle vie spirituelle, sa nourriture spirituelle est le pain du corps du Christ, qui l’illumine par la vérité de son amour et qui va aussi habiter en lui. il a revêtu le Christ: le Christ, ressuscité et resplendissant de l’amour infini de Dieu. Mais en réalité, le moment sur cette terre où le Christ a manifesté la gloire du Père, c’était dans l’humiliation et l’abaissement de la croix où il a accepté d’être confondu avec les criminels et les pécheurs. Jésus explique cela, avant sa passion:

« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. (Jean 12,  23-26 trad. ©AELF)

Les apôtres au mont Thabor ont aussi été témoins de la gloire du Christ telle qu’elle sera révélée et apparaîtra finalement aux hommes au ciel: ses vêtements étaient plus lumineux que la lumière du soleil (Matthieu 1, 1-13). Mais, cette lumière est cachée aux hommes qui ne savent pas la reconnaître dans le visage d’amour du croyant, en celui qui s’abaisse pour servir et honorer Dieu en ses frères.  Ainsi, revêtir le Christ signifie se revêtir d’humilité pour avoir part à sa gloire, signifie servir et non pas être servi, s’abaisser et non pas s’élever au dessus des autres mais reconnaître en tous la même nature et dignité d’enfant de Dieu. Alors, le baptisé parlera avec autorité, car son comportement sera conforme à son enseignement, son exemple et sa parole seront vrais. Ainsi, lors de la célébration du baptême, après s’être dépouillé de ses anciens habits, de ses vieilles coutumes, celui qui a plongé dans l’eau avec le Christ est mort avec lui au mal, au péché et avec lui ressuscite pour un vie nouvelle. Animé par l’esprit du Christ, l’Esprit d’amour de Dieu qui l’unît au Père dans la relation filiale, il est un homme nouveau, il reçoit le nom nouveau et est revêtu d’une tunique blanche. Le Christ ressuscité lui communique sa dignité de prêtre, prophète et roi. En effet, avant d’entrer à Jérusalem pour offrir sa vie, Jésus conduisit trois apôtres au sommet du mont Thabor et ses vêtements devinrent plus resplendissants que la lumière du soleil et avec lui apparurent aussi Moïse et Élie. C’était une vision de résurrection, les prophètes Moïse et Élie qui avaient quitté cette vie des siècles auparavant, apparaissent toujours vivants et s’entretiennent avec Jésus dans la lumière de la résurrection (Matthieu 17, 1-13).

Sixième don (Ap 3, 7 et 3, 12): Colonne du Temple de Dieu. Le baptisé reçoit le pardon de ses fautes par le Christ et ce don d’amour de Dieu, ce par-don, ce don renouvelé, fait de lui une créature nouvelle dans laquelle habite l’Esprit Saint.

Le Saint, le Vrai, celui qui détient la clé de David, celui qui ouvre – et nul ne fermera –, celui qui ferme – et nul ne peut ouvrir, déclare : ” Je ferai du vainqueur une colonne dans le temple de mon Dieu, il sortira plus en dehors et je graverai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la ville de mon Dieu, la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, ainsi que mon nom nouveau. ”

Le baptisé est roi parce qu’il partage la victoire du Christ sur la mort, il est prophète parce qu’il vit de la parole de Dieu qu’il porte au monde, et il est aussi prêtre car il apporte aussi le pardon de Dieu au monde, il transmet son Esprit. Au baptisé est en effet confiée la prière du Notre Père dans laquelle il demande de sanctifier le nom de Dieu, c’est-à-dire de manifester au monde la gloire, l’amour de Dieu et cela en faisant sa volonté afin que le royaume de Dieu puisse régner dans le cœur des hommes par l’amour qui les réunit sur la terre comme au ciel. Afin de réaliser cela, le fidèle demande à se nourrir de la vie de Dieu, par la nourriture qui le fortifie spirituellement qui fortifie en lui l’amour, qui lui apporte la vie de Dieu. C’est le pain descendu du ciel qui devient son pain quotidien. Ensuite, l’image divine qui se trouve dans l’homme va être conduite à la pleine ressemblance avec lui. L’homme va aussi être un reflet de la caractéristique et prérogative divine de pardonner les péchés, celle dont on parle au début de la sixième lettre, celle possédée par « celui qui détient la clé de David, celui qui ouvre – et nul ne fermera –, celui qui ferme – et nul ne peut ouvrir. ». Ces paroles désignent en effet le pouvoir détenu par Dieu de pardonner les péchés des hommes. Ce pouvoir sera pourtant confié par Jésus à Pierre et aussi aux apôtres. Par le pardon de Dieu qu’ils dispenseront aux hommes, ils édifieront l’Eglise, en sanctifiant les hommes; par le don de l’Esprit, ils feront des baptisés des temples de l’Esprit. Ainsi Jésus dit à Pierre:

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux. (Matthieu 16, 18-19 trad. ©AELF)

Et Jésus confie aussi aux apôtres:

Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. (Matthieu 18, 18 trad. ©AELF)

Or, les apôtres édifient l’Eglise en offrant aux hommes le baptême et le pardon des péchés, dans ces actes sacrés, dans ces sacrements, ils transmettent le don de l’Esprit Saint, par le ministère que le Christ leur a confié. Mais, chaque baptisé, à son tour, est appelé par Jésus lui-même, dans la prière du Notre Père que le Christ lui confie au baptême, à pardonner à ceux qui l’ont offensé. Or, le pardon offert par le baptisé à ceux qui l’ont offensé est différent du pardon conféré par les successeurs des apôtres, les ministres du sacerdoce du Christ. En effet, il n’a pas le pouvoir de régénérer, recréer et introduire la creature dans la relation filiale avec Dieu, car cela est réalisé par le pardon que Dieu lui même offre à ses créatures par le ministère du prêtre. Mais, chaque baptisé en pardonnant à ceux qui l’ont offensé devient témoin de l’Esprit de Dieu qui l’habite et il répand l’Esprit de Dieu dans le monde en devenant un reflet de sa miséricorde. À travers lui, c’est Jésus lui-même qui continue d’aimer les hommes et de les inviter à recevoir ce même pardon de la part de Dieu lui-même. Recevoir le pardon de nos frères et soeurs, nous permet de voir le visage de Dieu et ensuite de nous tourner vers lui et faire appel aussi à son pardon. C’est à vivre cela que la prière du Notre Père, transmise au nouveau baptisé nous invite. Ayant reconnu son amour dans le pardon reçu de nos frères, nous faisons appel à l’amour même de Dieu: “pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé”. Accueillir l’Esprit du Christ au baptême comporte que chaque baptisé devienne un reflet de son amour en ce monde et ayant lui-même reçu le pardon de Dieu, rende cette attitude miséricordieuse de Dieu visible au monde, en accordant lui-même le pardon à ses frères et soeurs. Pardonné, il pourra pardonner et en pardonnant, il édifiera l’Eglise car il permettra à d’autres de s’ouvrir au pardon de Dieu. Il donnera accès à d’autre au mystère de l’Eglise et de ses ministres, successeurs des apôtres, qui dispensent le pardon de Dieu. Le baptisé devient aussi une colonne du temple car il permet l’accès à l’Eglise, il porte inscrit en lui le nom du Christ, il rend le Christ visible aux hommes, qui, une fois reconnu son amour pourront faire appel à lui pour être à leur tour être pardonnés par lui, grâce au baptême et au sacrement de la réconciliation.

Il n’y a pas de plus grand amour que d’offrir sa vie pour ceux qu’on aime et celui qui peut mourir en pardonnant à ses ennemis comme le Christ, celui-là établit le royaume des cieux sur la terre, son pardon donne accès aux hommes au mystère de Dieu. Rencontrer un geste de miséricorde et de pardon ici sur terre, nous ouvre une porte vers le ciel, nous permet de voir l’Esprit de Dieu agissant dans les hommes, leur inspirant un amour qui est un reflet de celui du Christ. Cela introduit les hommes au mystère de Dieu, ce mystère est que nous vivons tous par le même esprit qui donne vie au monde. Cet esprit fait de nous une multitude de frères, comme les membres d’un même corps. Or, le temple où les pierres portent les unes le poids des autres est une image du corps et Jésus dit de son propre corps habité par l’esprit de Dieu: « Détruisez ce temple et je le reconstruirai en trois jours» (Jean 2, 19). Et l’apôtre Paul nous assure que par le don de l’Esprit reçu au baptême et offert aux hommes par le Christ sur la croix nous sommes devenus des temples du Saint Esprit :

Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Corinthiens 3, 16)

Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un temple de l’Esprit Saint qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu (1 Corinthiens 6, 19)

Et dans ce temple ceux qui offriront le pardon à leurs frères seront établis fermement comme des colonnes et seront les pierres qui forment la cité sainte en y accueillant les hommes au nom du Christ, en leur permettant l’accès par le témoignage de leur amour. Ils s’agit d’un amour fidèle jusqu’au bout lorsqu’il est éprouvé, c’est-à-dire capable de pardonner 70 fois 7 fois à celui qui répète l’offense. Ce sera peut-être après avoir éprouvé 70 fois le juste que le méchant s’assurera de la gratuité et étendue de son amour et y découvrira un reflet de l’amour de Dieu.

Le septième don (Ap 3, 14 et 3, 21) : Siéger sur le trône. Le baptisé, membre du corps du Christ, sera exposé comme lui aux persécutions. Comme le Christ, offrant le pardon à ses ennemis, il sera aussi occasion d’exclusion pour ceux qui rejettent son amour. Ceux qui s’acharnent contre le juste et qui n’accueillent pas son pardon, se condamnent eux-mêmes. Ils se coupent du lien fraternel, de la communion qui règne dans la cité de Dieu.

Celui qui est l’Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de la création de Dieu déclare: “Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son Trône.”

Celui qui siège sur le trône juge et gouverné par l’exemple, il a vaincu ses ennemis en leur pardonnant, ainsi le mal n’a pas pu dominer son cœur. C’est le mal qui a été vaincu, ce mal qui sera extirpé définitivement de son cœur. Et le sang versé, répandu par celui qui est injustement condamné, sera comme la source de vie refusée par ceux qui s’acharnent contre lui et n’accueillent pas son pardon.
La libération final du mal. Celui qui a dit Amen, tout est accompli, celui qui a vécu jusqu’au bout de l’amour exerce un jugement sur les autres, est assis sur le trône comme le Christ qui a siégé sur le trône du Père. C’est le juste qui révèle l’injustice des hommes, celui qui est animé par l’amour de Dieu déchaîne le mal contre lui et fait apparaître par là le vrai visage des hommes qui se cachent sous de bonnes apparences mais profitent du faible et du pauvre et exercent sur lui leur pouvoir. Mais celui qui est tiède qui descend facilement à compromis avec ceux qui détiennent le pouvoir ne révèle pas le visage du Père ne fait pas sa volonté. Et, surtout il n’entre pas dans une relation filiale et confiante avec Dieu, il s’estime riche et ne voit pas où Dieu veut le conduire: à grandir dans l’amour. Il ne demande donc rien à Dieu, pensant ne manquer de rien de ce que Dieu pourrait lui donner. Il n’a pas vécu la souffrance, il ne s’est pas trouvé opprimé, car il s’est toujours accommodé de ce qui n’était pas acceptable aux yeux de Dieu. Il ne voit pas que sa conduite est honteuse. Ainsi, Dieu ne peut rien faire pour lui, comme Jésus lorsqu’on ne lui demande pas de miracles et pourtant la lettre à l’Eglise de Laodicée nous rappelle que Dieu ne l’abandonne pas, au contraire il se tient à la porte et frappe, attendant qu’on lui ouvre.

Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi (Ap 3, 20).

Jésus frappe à la porte de notre coeur, il attend que nous accueillons son invitation, son pardon. Il vient à notre secours lorsque notre coeur s’est égaré, lorsque nous avons perdu l’amour qui nous lie à Dieu et à notre prochain. Celui qui le laisse entrer sera conduit dans une communion profonde avec Jésus, il sera en lui et Jésus sera en lui, comme dans l’image des fiancés du Cantique des cantiques où l’Epouse figure l’Eglise, l’humanité réconciliée avec Dieu, qui s’abandonne à Dieu dans la confiance, qui remet en lui son esprit. Et aussi le livre de l’Apocalypse s’achèvera sur les paroles de la fiancée qui, animée et habitée par l’Esprit de confiance filiale, elle qui a reçu l’Esprit Saint en son baptême,   s’adresse à l’époux et lui dit viens.

L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement (Ap 22, 17).

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